Eglise Protestante Unie de Périgueux

Eglise Protestante Unie de Périgueux
Culte le dimanche à 10H30, 20 bis rue Antoine Gadaud Coordonnées GPS: N 45.11.13 - E 00.43.05

dimanche 15 mars 2020

Prédication du pasteur C Jacon




Prédication du 15 mars à Périgueux
            Le texte proposé à notre méditation pour ce matin est un passage de l’épître aux Romains, les versets 1 à 8 du chapitre 5 :
            « 1 Justifiés par la foi, nous avons paix avec Dieu à cause de notre Seigneur Jésus-Christ 2 grâce auquel nous avons (à jamais) accès, par la foi, à cette grâce dans laquelle nous sommes établis. Aussi nous mettons notre orgueil dans l’espérance de la gloire de Dieu (que nous connaissons actuellement). 3 Non seulement (nous mettons notre orgueil dans cette espérance), mais nous mettons également notre orgueil dans les détresses (que nous connaissons actuellement), sachant que la détresse produit la persévérance, 4 que la persévérance (elle) produit un renforcement (de la foi) qui, à son tour, génère de l’espérance. 5 L’espérance ne peut être déçue car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. 6 Car lorsque nous étions faibles, Christ est mort pour les impies au moment voulu (par Dieu) 7 C’est à peine si un homme mourrait pour un juste ! Certes, pour Le Bon, le Parfait peut être que quelqu’un accepterait de mourir, 8 mais Dieu démontre son amour pour nous puisque Christ (le Bon !) est mort pour nous alors que nous étions pécheurs ».

            Chers frères et sœurs,
            Dans la période que nous connaissons, où certains cèdent à une panique irrationnelle, mais où beaucoup éprouvent une peur profonde, ressentent une inquiétude bien justifiée, car nous ne savons pas vraiment dans quelle situation nous sommes embarqués, les quelques versets de Paul nous rejoignent. Ils nous parlent. Il y est question de « détresses », « d’épreuves », mais aussi de « paix », d’« espérance », d’être « justifiés ». Quatre éléments me semblent importants à souligner.
1) L’épreuve
            D’abord, Paul parle de « tribulations », de « détresses ». On peut comprendre que Paul traverse des épreuves difficiles. Dans son contexte, il s’agit sans doute de la persécution. On sait qu’au premier siècle, les premiers chrétiens ont subi, de la part des Romains, une vague de persécution. C’est dans ce contexte qu’il dit aux chrétiens de Rome que « la détresse produit la persévérance, la persévérance le renforcement de la foi et le renforcement l’espérance ». Il ne faudrait pas comprendre de ces mots que l’épreuve est envoyée par Dieu pour nous permettre d’endurcir notre foi. Paul ne dit pas qu’il se « réjouit » de ces épreuves, comme certaines traductions françaises peuvent le laisser croire. Il dit qu’il s’en « glorifie ». Alors que d’autres se glorifient de leurs actes, de leur foi, du pouvoir de guérison qu’ils détiennent ou de leur capacité à « parler en langues », lui se glorifie de ce sur quoi il n’a aucun pouvoir. Alors que l’homme se glorifie de sa force, de sa sagesse, de sa situation dans la société, Paul met son orgueil dans ce qu’il ne contrôle pas. Comme pour bien affirmer que la seule gloire est à Dieu et que, nous ne pouvons, dans la vie, tenter de jour en jour à entrer dans une dé-maîtrise : sur nous-mêmes, sur les autres et sur les événements qui nous arrivent. L’enseignement de Paul est important pour nous aujourd’hui. Dans le contexte qui est le nôtre, il nous faut apprendre la dé-maîtrise. Accepter de ne pas pouvoir tout contrôler. Accepter qu’il y a dans la vie de l’incontrôlable, de l’inconnu. Mais dans cet incontrôlable, nous ne sommes pas seuls, nous ne nous débattons pas tout seul, ou toute seule. Il est là et renforce notre foi et notre espérance.
2) La paix
Ensuite, Paul nous dit que « nous avons » paix avec Dieu. Cette paix n’est pas l’absence de conflit. Ce n’est pas ce sentiment intérieur que l’on peut atteindre par des pratiques zen ou autres. C’est d’abord un événement : celui de la mort et de la résurrection de Jésus d’entre les morts. C’est dans et par cet événement que la paix a été établi. Une fois pour toutes. Pour cette paix, Dieu seul est à l’initiative. C’est une déclaration unilatérale de paix. Alors que d’habitude, c’est la guerre qui fait l’objet d’une telle déclaration, comme l’assassinat par Washington de cheik iranien Soleimani, avec la suite que nous connaissons, en Jésus-Christ, c’est une déclaration unilatérale de paix que Dieu lance. Par Jésus-Christ, nous avons accès à jamais à Dieu. Rien, ni nos doutes, ni nos éloignements, ni nos révoltes, ni nos craintes, ne peuvent empêcher Dieu de faire sa paix avec nous. La seule vraie difficulté, c’est que nous faisons souvent de la résistance. A la vérité : nous n’aimons guère avoir la paix sans l’avoir méritée ni conquise. Nous aurions aimé l’arracher au prix d’un long combat, où nos qualités de croyant, la pureté de notre foi, la sincérité de notre prière, notre persévérance dans la lecture des textes bibliques, auraient pu être reconnues. Nous aurions aimé que nos œuvres, nos engagements, dans l’Entraide, la Cimade, l’ACAT, puissent être pris en compte. Nous aurions aimé que Dieu ne puisse faire autrement que de fléchir le genou et d’accepter de faire la paix avec nous et grâce à nous. Le fameux contrôle, la fameuse maîtrise dont je parlais tout-à-l ’heure. Mais, il n’en est rien. La paix est unilatérale. Du coup, la balle est dans notre camp. C’est à nous d’accepter d’être aimé de manière imméritée et totalement déraisonnable. C’est à nous d’accepter et de vivre de cette paix.



3) Le « courage d’être »
            Et c’est là, précisément, que le bât blesse.  Une variante de notre texte, très bien attestée, par des manuscrits importants et de toute première qualité a, non pas un présent mais un subjonctif. Autrement dit : au lieu de la traduction traditionnelle « nous avons à vivre » nous pourrions comprendre : « Ayons la paix ». Autrement dit : « vivons la paix » qui nous est donnée. C’est là le plus difficile ! La paix qui nous est donnée, nous devons l’incarner dans nos vies, au quotidien, jusque dans les épreuves de nos existences. La paix dans tous ces combats intérieurs qui nous tenaillent, qui véritablement nous « bouffent » : le passé qui nous hante, les erreurs que nous ressassons, les culpabilités qui nous paralysent, nos orgueils qui nous empêchent de pardonner, les deuils qui nous brûlent le cœur…  Mais également la paix dans nos combats de tous les jours. Là, dans cette épreuve que nous connaissons actuellement. Oui, nous avons à vivre la paix jusque dans ces combats. Ou plutôt : la paix donnée par Dieu nous donne la force de vivre en paix ces moments. Le fait de savoir que je n’y suis pour rien dans cette paix, paradoxalement, me donne le courage de vivre les épreuves de la vie, non comme des punitions ou des châtiments divins mais comme des occasions pour témoigner de ma foi (cf Jean 9). La Paix donnée me donne le courage d’être au quotidien, de me relever quand les épreuves veulent me mettre à terre, de vivre debout, en sujet responsable de ses failles et de ses faiblesses, de ses convictions et de ses doutes car appuyé sur l’amour de Dieu que l’Esprit a déposé et dépose dans nos corps et nos cœurs.
4) Une paix diffuse
            Nous touchons ainsi du doigt le dernier point important de notre passage : la paix que nous avons et que nous avons à vivre, doit se répandre. Cette paix, nous ne pouvons-nous contenter de la vivre : il nous faut la communiquer autour de nous. Si Dieu s’est fait pacificateur en Jésus-Christ, nous devons à notre tour nous faire des apôtres en parole et en actes de la Paix. En paroles, en annonçant l’Evangile. En actes, en ayant des paroles apaisantes, des postures apaisantes, des prises de position apaisantes, et particulièrement dans le contexte que nous connaissons. En agissant concrètement pour la paix et la réconciliation des hommes. Là-bas au loin, pour des personnes que nous ne connaissons pas, mais aussi, et c’est sûrement le plus difficile, avec nos proches, les membres de notre famille, nos voisins, nos collègues, nos frères et sœurs dans la communauté. Amen.

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