En cette période où des choix sont à faire, il nous a semblé important de relayer le message du président du Conseil national de l'Eglise protestante unie, le pasteur Laurent Schlumberger. Nous vous en souhaitons une bonne lecture.
Fraternellement,
Le Conseil presbytéral de la paroisse de Périgueux.
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Communiqué de Laurent Schlumberger,
Président du Conseil
national de
l’Église protestante unie de France.
Paris le 30 mars 2017
La fraternité d'abord
A moins d’un
mois du premier
tour de l’élection présidentielle, nul ne peut savoir qui
l’emportera, ni même
quels candidats seront présents au second tour. Les échecs des
sondages et les
péripéties d’une campagne délétère empêchent tout pronostic
assuré. Mais il est
possible qu’une catastrophe soit en train de se nouer, autour de
la double
tentation de l’abstention et du discours nationaliste et
xénophobe de l’extrême-droite.
Le désir de sanction collective contre une classe politique tout
entière est si
fort, qu’il pourrait faire basculer la République dans une
aventure redoutable.
Ce désir est
le fruit de
multiples facteurs. Il se nourrit de peurs, parfois
compréhensibles et
légitimes, parfois démagogiquement manipulées. Il se manifeste
par un sentiment
d’humiliation, personnel et collectif, capable de tout emporter
avant de
laisser chacun abasourdi. Le « C’est bien fait ! » adressé aux
responsables par
bulletin de vote interposé risquerait alors de devenir un «
Qu’avons-nous fait
? » désemparé, survenant hélas trop tard.
L’Église
protestante unie de
France se garde en général de prendre la parole en période
électorale. Mais certaines
circonstances l’exigent. Aujourd’hui, devant le danger qui se
profile, son
Conseil national choisit de le faire, pour trois raisons.
D’abord, en
raison du grand
respect dans lequel il tient la République. Historiquement, les
protestants français
ont largement contribué à l’avènement de la République et de la
laïcité. Or, l’une
et l’autre ont besoin, particulièrement dans les moments de
choix critique, de
la contribution de toutes les convictions, de la voix de toutes
les familles de
pensées. La politique réclame du souffle, de l’horizon, des
paroles paisiblement
mais fortement affirmées.
Ensuite, parce
que ces
convictions s’articulent à des engagements concrets au service
de la société,
des plus vulnérables, en particulier des exilés qui demandent à
pouvoir vivre
et même simplement survivre.
Depuis les
prises de position
constantes de leurs synodes jusqu’à l’action quotidienne et
patiente, nos paroisses,
nos entraides protestantes et leurs membres ne se contentent pas
de croire et
de dire, mais essaient aussi de mettre en œuvre
l’espérance qui les anime.
Enfin, parce
que nos convictions
ne s’imposent à personne mais prennent une densité particulière
en cette année
des 500 ans de la Réforme protestante, ce temps où des croyants
lanceurs d’alerte
ont su provoquer, dans une société traversée par les peurs, une
irruption de
confiance.
Aujourd’hui,
encore et
toujours, le message et la personne de Jésus-Christ nous
conduisent à croire
que Dieu aime le monde et chacun de ses habitants. Nous croyons
qu’il a un projet
de réconciliation et de paix, et qu’il nous en fait
ambassadeurs. Nous croyons
qu’aucun de nous ne serait vivant s’il n’avait été accueilli et
accompagné par
ses semblables −
personnes,
collectifs et
institutions −
et
que cette hospitalité dont
nous avons bénéficié nous appelle à la gratitude. Nous croyons
que toute
rencontre est éclairée d’une promesse de fraternité. Nous
croyons que les
institutions politiques, toujours faillibles et relatives comme
nous le sommes
tous, ont pour tâche de faire au mieux pour rendre cette
fraternité possible et
pour la protéger. A quelques jours de Pâques, nous affirmons que
la confiance a
le pouvoir de traverser toutes les peurs, et qu’elle
nous est confiée pour que nous la fassions grandir. Plutôt que
de laisser le dégoût,
la colère et les peurs nous enfermer dans le ressentiment, ayons
le courage de
la fraternité d’abord, et la ténacité de faire et de refaire
société ensemble.
Laurent
SCHLUMBERGER, pasteur,
Président
du Conseil
national de l’Eglise protestante unie de France.
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