Eglise Protestante Unie de Périgueux

Eglise Protestante Unie de Périgueux
Culte le dimanche à 10H30, 20 bis rue Antoine Gadaud Coordonnées GPS: N 45.11.13 - E 00.43.05

jeudi 4 février 2010

Prédication à la cathédrale

Prédication faite à la Cathédrale de Périgueux par le pasteur Pierrot Munch lors de l'échange de chaire entre les protestants et les catholiques, au mois de janvier 2010


Prédication à la Cathédrale de Périgueux
Dimanche 17 janvier 10

Esaïe 62, 1-5 1 Cor 12, 1-11 Jean 2, 1-12


Intro
Merci pour la confiance du P. Roget Baret et du P. Jean-Louis Favard pour cette invitation à partager l’Evangile avec vous lors de cette semaine de prière pour l’unité des Chrétiens.

Le P. Roger Baret n’était sans doute pas conscient que le l’Evangile du jour était celui où Jésus remet Marie à sa place ! Nous verrons plus loin ce que peut vouloir dire « remettre Marie à sa place »

1 ) D’abord Esaïe prophétise que la terre dévastée devient une terre consolée.
Pour le décrire, Esaïe utilise l’image du mariage, des épousailles : Jérusalem sera de nouveau épousée par ses habitants et par le Seigneur.

2 ) Jean aussi parle de mariage
Les noces de Cana, premier signe de l’Evangile de Jean : « signe » cela veut dire que Jésus veut montrer quelque chose. Quoi ? Que l’œcuménisme serait un mystère d’épousailles ?

* pourquoi pas, puisqu’Esaïe recourt à ce mystère des épousailles : l’union de Jérusalem avec Dieu, et les épousailles de la terre par ses habitants : « comme le jeune homme épouse sa fiancée, ?tes enfants t'épouseront, ?et de l'enthousiasme du fiancé pour sa promise, ?ton Dieu sera enthousiasmé pour toi. »

* Si Jérusalem est bien une image de l’Eglise, alors l’œcuménisme est peut-être un appel à ce que nos Eglises s’unissent comme dans le mariage ?
o définition du mariage dans Bible : « L'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. »
L’écrivain irlandais Bernard Shaw le commentait ainsi : « Quand un homme et une femme sont mariés, ils ne font plus qu'un. La première difficulté est de décider lequel ». Cela me semble très à propos si on envisageait le mariage entre nos Eglises !

o s’unir : dans l’union mais aussi dans la différence : chacun garde son identité

o le mariage entre nos Eglises ? Peut-être, mais je ne crois pas, je crois que l’appel est plus profond

* Si Jérusalem est bien une image de l’Eglise, c’est de l’Eglise invisible, l’Eglise universelle, une et indivise dans son essence même. Alors l’œcuménisme est peut être un mystère d’épousailles, mais dans le sens d’Esaïe : « comme le jeune homme épouse sa fiancée, ?tes enfants t'épouseront » : un chemin pour tous les chrétiens, tous les « enfants » de l’Eglise, d’épouser cette Eglise invisible, une et indivise qui est le corps du Christ. Et de se retrouver ainsi dans une réalité mystique qui dépasse la compréhension et la définition de l’Eglise particulière de chacun et ouvre au mystère des épousailles du Christ avec son Eglise.

3 ) La 1ère Épître aux Corinthiens nous parle du comment, du chemin pour entrer dans ces épousailles :
* C’est l’Esprit Saint qui fait la préparation au mariage !
o dans la diversité des charismes qui n’est pas une opposition mais un cadeau
o nos divisions sont séparatrices, elles sont un péché des hommes
o mais nos différences de charismes ne sont pas séparatrices, elles sont données pour le témoignage et la conversion de tous, à commencer par nos conversions réciproques.
o Quels charismes portent nos Eglises ?
* comme protestant, je pourrais dire que je me laisse interpeller par la prise en compte de cette dimension de l’Eglise « corps du Christ », par sa dimension de sacré et de mystère. Je suis interpellé aussi par la grâce de communion, ce sens de la communion universelle sous un seul chef : le Christ

* Comme catholiques ce serait à vous de dire ce que vous voyez comme charismes chez les Protestants, ce que vous recevez d’eux.

Dans ce chemin d’épousailles, où tous les chrétiens sont appelés à épouser la terre de Jérusalem, à épouser l’Eglise Une et Indivise, nos charismes variés nous sont donnés pour nous aider à nous convertir mutuellement.
C’est un peu notre « préparation au mariage ». En matière d’œcuménisme, nous sommes sans doute encore au temps des fiançailles !


4 ) Le meilleur est pour la fin
Un des message de Cana c’est aussi de nous rappeler que, avec Jésus, le meilleur vin vient à la fin. Nous nous réjouissions déjà des progrès de l’œcuménisme, nous avons été enthousiasmés par les ouvertures de Vatican II, par le travail considérable du Groupe des Dombes, par les avancées sur le terrain… Et bien, ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend !

Les noces de Cana nous rappellent aussi que pour que ce meilleur vin de la fin arrive, il faut accepter de passer par la crise et par la reconnaissance du manque :
« ils n’ont plus de vin. »
Et les crises et les manques, il paraît qu’il y en a beaucoup en matière d’œcuménisme :
- Dominus Jesus a jeté un froid chez les protestants
- de même que les rappels incessants à une interprétation étroite de la doctrine catholique : en matière de communion notamment
- le décalage entre la fraternité et la reconnaissance vécues à la base, entre chrétiens, et la reconnaissance théologique qui semble loin derrière

Oui, nous ressentons sans doute douloureusement, peut-être anxieusement (et si c’était la fin de l’âge d’or de l’œcuménisme ?), avec colère (Les théologiens nous cassent les pieds !) ou quelques fois soulagement (chacun reste chez soi et les moutons seront bien gardés ! »

Nous pouvons être tentés par le découragement et le repli sur soi : n’est-ce pas aussi le mouvement du monde dans lequel nous sommes plongés ?

Face au manque et à la crise que nous pouvons ressentir, je voudrais souligner l’attitude de Marie dans le récit de Cana. « Faites tout ce qu’il vous dira ! »
Ces mots si simples évoquent pourtant une confiance si immense !
« Faites tout ce qu’il vous dira ! » Marie a été la première à voir le manque. Elle le reconnaît pleinement et face à ce manque, elle réagit : elle parle à Jésus : « Ils n’ont plus de vin ».
Le moment de mettre fin au manque ne dépend pas d’elle mais de lui et ce n’est pas encore le moment. Alors elle patiente, la fille d’Israël, ou plutôt la femme d’Israël puisque c’est ainsi que Jésus l’apostrophe. « Femme, qu’y a-t-il en moi et toi ! »
Jésus apostrophe Marie en l’appelant « femme ! », c’est peut-être un appel pour tous ceux qui ne verraient en Marie que la « maman du petit Jésus ». Jésus se dresse et semble appeler Marie à une autre relation.
« Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? » C’est aussi une sacrée question que Jean nous pose à nous protestants ! Peut-être avons-nous été trop souvent tentés d’évacuer cette question et voilà qu’elle nous est reposée encore.

Marie (pendant ce temps-là !) patiente, mais pas en se tournant les pouces : elle agit, elle va trouver les serviteurs du repas et leur transmet sa confiance, son ouverture et son obéissance : « Faites tout ce qu’il vous dira ! »

Qui sont ces serviteurs qui doivent nous servir la « soupe » de l’œcuménisme aujourd’hui et qui nous disent : « il n’y a plus grand - chose » ?
Les pasteurs, les prêtres, les théologiens, chacun de nous ?

Le repas de Cana et le vin multiplié préfigurent l’Eucharistie, vous le savez, comme vous savez aussi que l’intercommunion est actuellement impossible entre nos Eglises : nous n’avons pas de vin pour vous et nous n’avez pas de vin pour nous ?
Et si le texte de ce matin nous invitait à entrer dans la confiance et l’attente actives de Marie :
« Faites tout ce qu’il vous dira »

Ce n’est possible que si nous acceptons ensemble, dans la confiance et la patience de nous mettre à l’écoute du Fils de Dieu, pour que nous puissions entendre, lorsque « son heure sera venue », cette parole : « remplissez ces cruches d’eau et puisez dedans ».

C’est un beau et vaste programme qui s’ouvre devant nous, dans lequel il y a la place pour de multiples manières de nous tenir ensemble dans la confiance et l’écoute. Si je ne prends que Périgueux et en Dordogne :
* Célébrations œcuméniques comme le 21 janvier à saint Martin ou le Vendredi Saint
* études bibliques œcuméniques
* pastorale œcuménique plusieurs fois par an à La Force
* cycles œcuméniques comme à Chancelade cette année
* la proclamation ensemble de la Bible dans cette cathédrale en mars : les voix de la Bible…

Toutes ces manières différentes de nous mettre ensemble sont des occasions d’apprendre à l’écouter et à discerner sa voix dans l’espérance qu’il nous dira ces mots : « Croyants de toutes les Eglises, voici mon heure, l’heure des grandes épousailles, l’heure de notre unité parfaite, venez ensemble goûter au vin nouveau que je vous offre moi-même à la grande table des noces de l’agneau ! »
Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire