Eglise Protestante Unie de Périgueux

Eglise Protestante Unie de Périgueux
Culte le dimanche à 10H30, 20 bis rue Antoine Gadaud Coordonnées GPS: N 45.11.13 - E 00.43.05

vendredi 5 juin 2015

24 mai 2015, culte de Pentecôte, baptèmes, confirmations, prédication du pasteur Pierrot Munch.

Dimanche 24 mai 2015,  jour de Pentecôte et  jour de liesse.

Il n'y a plus de places assises dans le temple de l'Eglise Protestante Unie de France, paroisse de Périgueux.
Le pasteur Pierrot Munch va baptiser un enfant: Amaury, un catéchumène: Antonin, 3 adultes: Evelyn et Eric, et Dina, qui  va confirmer son baptême.
Cantiques, chant malgache, lectures bibliques (Psaume, récit de la Pentecôte par Jean l’Évangéliste), célébration de la Cène avec les nouveaux baptisés et confirmé,  et la prédication du pasteur Pierrot Munch vont rythmer cette célébration. qui se terminera dans la joie de ce moment d'engagement des nouveaux baptisés et confirmée, nous rappelant avec émotion pour nombreux d'entre nous ceux que nous avions pris il y a quelques années, quelques décennies. Des dragées nous attendaient à la sortie de ce culte de Pentecôte.









Colette R. lors du baptême de son arrière petit-fils

Baptême d'Antonin

Antonin, je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

Roberte M. lit un texte pour le baptême d'Antonin.

Baptême d'Ebelyn




Baptême d'Eric


A gauche Dina vient de confirmer son baptême

Matthieu partage un texte avec l'assemblée.


Les chœurs malgaches

Bénédiction donnée par le pasteur Pierrot Munch

Voici le texte de la prédication: 



Prédication Pentecôte 2015
Eglise Protestante Unie de Périgueux

Le matin du 12 Janvier 2007, le Washington Post a réalisé une expérience inédite dans le métro de Washington.

Un violoniste installé en haut d’un escalator s'apprêtait à jouer six morceaux de musique classique pendant 45mn.

Personne ne le savait, mais cet homme qui pouvait aisément passer pour un musicien de rue était en réalité Joshua Bell, un violoniste virtuose parmi les plus brillants au monde, sur le point de jouer six pièces classiques parmi les plus élégantes qui aient jamais été écrites, sur un Stradivarius fabriqué en 1713, d'une valeur (estimée à l’époque)  de 3,5 millions de dollars. 

Joshua Bell et son stradivarius
Combien de personnes se rendant à leur travail dans ce matin froid de janvier allaient s'arrêter pour apprécier le talent du maestro jouant sur son inestimable violon ?

Quarante cinq minutes après, plus de 1000 personnes étaient passées devant lui sans vraiment prêter attention et il n’avait récolté que 32 dollars dont 20 dollars laissés par l'unique personne l'ayant reconnu. Hormis cette personne, seules 6 personnes se sont arrêtées quelques instants…

Trois jours avant cette expérience, Joshua Bell jouait sur la scène de l'Opéra de Boston, dans une salle bondée, où le moindre siège coûtait 100 $.



On peut voir cette expérience en vidéo sur internet. Lorsque je l’ai vue pour la première fois, j’ai été bouleversé par cette image de quelque chose de si précieux et par l’indifférence de ces foules qui passent à côté.

La vision de l’indifférence de tous ces gens m’a fait penser à l’indifférence des foules humaines pour lesquelles l’Esprit de Dieu joue en permanence  mais qui n’y prêtent pas attention.



Matthieu et Luc nous rapportent cette parole un peu énigmatique de Jésus qui parle de ses contemporains : « nous avons joué de la musique et vous n’avez pas dansé »…

« Nous » : le Père, Jésus, l’Esprit Saint, nous avons joué et vous n’avez pas dansé !


L’Esprit de Dieu joue ses partitions en permanence dans nos vies et nous faisons si souvent partie de cette foule pressée qui ne l’entend pas qui n’y fait pas attention, préoccupée par tous ses projets, tous ses soucis, toutes ses obligations !



L’Esprit joue tant de partitions si extraordinaires :

·         des morceaux d’amour, lorsque nous sommes bouleversés par une personne 

·         des morceaux d’émerveillement lorsque les fleurs du printemps enchantent nos jardins

·         des morceaux de consolation lorsqu’ une figure amicale s’approche de nous dans un moment difficile

·         des morceaux de tendresse, lorsque nos enfants naissent et grandissent à chaque étape de leur vie et de leur autonomie…



Notre fille a eu son permis cette semaine. Vendredi soir, elle prenait la voiture seule pour la première fois… pour emmener des amis à une fête. Au moment de partir, nous lui demandons : « à quelle heure rentres-tu ? » Elle répond : « 1h30 et je boirai par une goutte d’alcool ! »

Comme papa, je lui fais confiance, mais quand même, j’étais un peu inquiet. Comme j’avais pas mal de travail, je me suis dit, que je pourrais travailler jusqu’à ce qu’elle rentre… Elle est arrivée à 1h30 précise, très heureuse et en même temps très calme. Elle m’a dit : «Je n’ai pas bu une goutte d’alcool. Pourtant mes amis, m’ont dit que je pourrais bien boire une petite bière. Mais non. »

Quand je l’ai vue si heureuse et en même temps si calme,  j’ai été émerveillé devant la partition de l’autonomie que je voyais se jouer sous mes yeux.



Dans nos vies, l’Esprit de Dieu joue en permanence.



Antonin, Eveline, Eric et Dina l’ont vu, comme aussi Maggy et Cédric nous l’ont partagé dans un témoignage émouvant lors de la préparation du baptême d’Amaury.



Êtes-vous attentifs à l’Esprit dans votre vie ?

Un grand théologien du 1er millénaire, Maxime le confesseur, a écrit : « L’Esprit Saint n’est absent d’aucune créature ». Il joue en toi, il joue en chacun de nous ici, ce matin comme à chaque instant de notre vie, comme en chaque être humain vivant sur cette terre !



Dans son entretien avec Nicodème, Jésus évoque cette insaisissable puissance de Dieu qui prend les humains par surprise pour les faire naître à la liberté.

« Le vent (ou l’Esprit) souffle où il veut, dit Jésus, et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit ».



Dans l’expérience du Washington Post, rien ne permet de distinguer les personnes qui se sont arrêtées pour écouter Joshua Bell de celles qui sont passées sans le voir. Pas de modèle démographique type : hommes ou femmes, jeunes ou vieux, blancs, noirs ou asiatiques, toutes les catégories sont représentées.

Seule une catégorie s’est faite remarquer en s’arrêtant de façon systématique : ce sont les enfants.

Dès qu’un enfant passait, il cherchait à s’arrêter pour écouter la musique… Et aussitôt son parent le tirait par la main pour avancer.    Les enfants ont ce don incroyable : ils ont le pouvoir de s’émerveiller.



Justement, l’Esprit de Dieu a cet effet incroyable : il nous fait retrouver notre cœur d’enfant qui reconnaît qu’il a un papa céleste.

Jésus a avant tout donné le témoignage de l’intimité avec Dieu, son père. Quand nous accueillons l’Esprit de Jésus, nous devenons avec lui, des familiers de Dieu. Et nous découvrons que Dieu est pour nous le père qui est toujours là, qui nous regarde, nous écoute, nous soutient.



Le Stradivarius est estimé à 3,5 millions de dollars. Si le musicien est l’Esprit de Dieu, où est le stradivarius ?



Le stradivarius n’est-il pas chacun de nous ?  Ne sommes-nous pas l’instrument sur lequel l’Esprit Saint joue des mélodies extraordinaires, (même si nous n’entendons pas bien !). Paul a ce mot :  « vos corps sont le temple de l’Esprit » (1 Cor 6, 19)



Chacun de nous vaut bien plus de 3,5 millions d’euros. Nous sommes des instruments de grand prix comme le dit Dieu par la bouche du prophète Esaïe : « Tu as du prix pour moi et je t’aime ». (Es 43, 4)



Quelquefois on retrouve un Stradivarius tout cabossé, abîmé, hors service… L’Esprit Saint n’est pas seulement un musicien virtuose, il est aussi ce luthier extraordinaire qui peut restaurer l’instrument d’origine !



Et si Stradivarius, c’était aussi le réfugié, l’étranger,  le migrant ? Tous ces nouveaux « boat people » en référence à ceux des années 70, que nous parquons dans des conditions indignes de l’humain ?



Le 25 mai 2009, l’homologue français de Joshuah Bell, Renaud Capuçon a tenu à participer à un petit  film en interprétant sur la ligne 6 du métro parisien plusieurs pièces sur un violon Guarnerius de 1737 surnommé « le vicomte de Panette »  et prêté par la Banque Suisse Italienne. (https://vimeo.com/17688367)
A la fin de cette journée, plus de 18.000 personnes étaient passées devant lui sans prêter plus d’attention et il n’avait récolté qu’une poignée d’euros. Deux jours plus tard, sa prestation au Théâtre des Champs Elysées affichait complet.



Dans le film, on voit des images en parallèle entre la préparation et le jeu dans différents endroits du métro et les gens qui se préparent à aller au concert au Théâtre des Champs Elysées. En voyant toutes ces personnes qui se mettent sur leur « 31 » en contraste avec ces foules indifférentes dans le métro, je me suis dit que ces mélomanes sont peut-être une image des croyants et que le concert était une image du culte.

Le concert rassemble les connaisseurs qui viennent apprécier la musique ou ceux qui la découvrent et viennent apprendre à l’écouter. 



Comme le culte qui  rassemble ceux qui connaissent le musicien qui joue dans leur vie, ceux qui ont eu l’occasion de prêter attention à lui dans tel ou tel moment, et qui viennent au culte parce que c’est un lieu privilégié pour nous rendre plus attentifs à l’Esprit qui nous habite ! Le culte est un lieu qui cultive l’attention et l’apprentissage à écouter comment l’Esprit Saint joue dans nos vies !

Ainsi, nous devenons de plus en plus capables de l’entendre dans tous ces moments de notre humble quotidien. Et cela transfigure littéralement notre existence !

Amen

Pierrot Munch, pasteur

Pentecôte 2015




Echange de chaire entre Catholiques et Eglise Protestante Unie le 26 avril au temple de Périgueux




Dimanche 26 avril a eu lieu le deuxième volet de l’échange de chaires entre notre pasteur et le Père Martin de la Roncière, chanoine, prêtre de l’abbaye de Chancelade et par ailleurs délégué œcuménique du diocèse de Périgueux-Sarlat.
Vous avez pu lire dans le précédent numéro de La Clef le compte rendu de ce premier volet : le dimanche 1er février à Chancelade, le pasteur Pierrot Munch y avait assuré la prédication lors de la messe dominicale.

Le Père Martin de la Roncière était accompagné de quelques-uns de ses paroissiens, dont l’équipe d’animation pastorale (EAP); ils sont, nous dit-il, à travers leurs échanges, un peu ce que le Conseil presbytéral est autour de Pierrot et souligne par là une différence de plus qui s’efface entre nos deux églises. Ceux d’entre nous qui avions pu accompagner Pierrot ont eu le plaisir de retrouver des visages connus et la joie de les accueillir à notre tour en essayant de le faire tout aussi chaleureusement.
Ce sont nos frères et sœurs catholiques qui nous ont partagé les lectures, dont le texte de Jean 10. 11-18 «  Je suis le bon berger...» sur lequel portait la prédication de Martin de la Roncière. C’est en citant le pasteur Dietrich Bonhoeffer qu’il a ouvert et terminé sa prédication, s’émerveillant au passage de ce que « la Providence » les ait inspirés, Pierrot au début du culte et lui-même pour faire référence à  cette « grande figure de la chrétienté ». Quand les Chrétiens sauront, comme le dit Bonhoeffer, « écouter la voix du seul bon pasteur et se débarrasser du reste, ils seront alors réunis. »

Voici le commentaire de Bonhoeffer que le Père Martin de la Ronciére à développé:

« Je suis le bon pasteur »

Commentaire de Dietrich Bonhoeffer sur l’évangile du bon pasteur[1]

Je suis le bon pasteur ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis[2].
JE SUIS : il est clair qu’il ne doit pas être question ici des bergers et de leur métier en général, mais de Jésus Christ seul. Je suis le bon pasteur, non pas un bon pasteur, de telle manière que Jésus se comparerait à d’autres, et apprendrait d’eux ce qu’est un bon berger. Ce que c’est, on ne peut l’apprendre que du bon pasteur auprès duquel il n’y en a pas d’autre, c’est-à-dire de ce JE, de Jésus. Toute autre fonction de « pasteur » dans l’Église de Jésus Christ n’ajoute pas au bon pasteur un second ou un troisième pasteur, mais laisse Jésus être le seul bon pasteur de la communauté. Il est le souverain pasteur[3] : c’est à sa fonction de pasteur que participent les « pasteurs » ; sinon ils dénaturent la fonction et le troupeau.
Le fait qu’il s’agit ici seulement du bon pasteur, et non d’un berger parmi d’autres, apparaît immédiatement si l’on considère l’action insolite qu’il se prescrit à lui-même. Il n’est pas parlé de donner pâture, breuvage ou secours aux brebis, mais le bon pasteur donne sa vie pour elles. Cela n’est vrai que du bon pasteur. ~
Même le pasteur le plus fidèle n’est pas le bon pasteur. Parce qu’il sait que « sa » paroisse n’est pas la sienne, mais qu’elle appartient au Seigneur Jésus, que Jésus est mort pour elle et que lui seul est son bon pasteur, il laisse Jésus continuer à être le bon pasteur de sa communauté, et il ne s’enfuit pas. Mais le pasteur est un mercenaire[4] si sa fonction, lui-même, son intérêt, sont plus importants que la communauté du bon pasteur. ~
Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent[5].
La seconde chose que Jésus, le bon pasteur, dit de lui-même, est qu’il connaît les siens. Cela paraît minime, et c’est pourtant plus important que tout. Nous le mesurons si nous pensons à ce que cela signifierait si Jésus ne nous connaissait pas, s’il disait : Je ne vous ai jamais connus[6]. Ce serait notre fin, notre damnation. Nous serions séparés de lui pour l’éternité. C’est pourquoi être connus de Jésus constitue notre bonheur suprême, notre communion avec lui. Jésus connaît seulement ceux qu’il aime, ceux qui lui appartiennent, les siens. ~ Le bon pasteur, et lui seul, reconnaît ses brebis, car lui seul sait ce qui lui appartient pour l’éternité. Les brebis, et elles seules, reconnaissent le bon pasteur, car elles seules savent combien il est bon. Elles le reconnaissent, lui seul, comme le bon pasteur, car elles n’appartiennent qu’à lui. ~
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie[7].
Cela fait partie de la mission du bon pasteur que de mener aussi ces autres brebis. ~ Il faut que le bon pasteur conduise toutes ses brebis, pour qu’elles connaissent le bon chemin et soient protégées de tout danger ou préjudice. La communauté de Jésus sera réalisée quand tous écouteront sa voix. Alors aucune autre voix n’aura plus cours. Rien ne pourra induire les brebis en erreur. À personne la voix du bon pasteur ne restera cachée. Tous vivront de son commandement, de ses instructions, de sa consolation. La voix du bon pasteur sera seule à unir tous les hommes. ~ Toute division de la chrétienté prendra fin quand tous écouteront sa voix et elle seule, quand deviendra caduc tout ce qui, à côté de cette unique voix, veut encore se faire entendre et remarquer. Ainsi ils seront tous un seul troupeau sous un seul pasteur[8]. Alors l’œuvre du bon pasteur sera accomplie sur la terre.[9]


[1] Source : Dietrich BONHOEFFER, Si je n’ai pas l’amour… Textes rassemblés en bréviaire (Gesammelte Schriften IV, p. 486…491, trad. Pierre GAGNIER), Genève, Labor et Fides, 1972, p. 96…101
[2] Jn 10, 11
[3] 1 P 5, 4
[4] Jn 10, 12
[5] Jn 10, 14
[6] Mt 7, 23
[7] Jn 10,16
[8] Jn 10,16
[9] 2843 signes


Dans la parole de Jean « Rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », Martin de la Roncière précise qu’il ne faut pas réduire « dispersés » au seul sens de désunis mais prendre conscience de tous ceux qui, parfois très près de nous, comme il lui arrive de le constater, sont dans l’ignorance de la Parole de Dieu.
Nous nous sommes ensuite unis aux intentions de prières préparées par nos frères et sœurs catholiques qui nous ont également proposé un de leurs  chants : «  Je vous ai choisis ». A ce propos, Martin de la Roncière, tout en remarquant que certains cantiques se retrouvaient dans les deux liturgies, a exprimé son souhait d’un recueil de chants communs.
Comme à Chancelade, la célébration s’est terminée par « Confie à Dieu ta route » : certes, notre route est encore longue, mais que de chemin parcouru déjà ! Comme chaque action œcuménique, ce culte du 26 avril y inscrit un pas de plus.
C. Laguionie